Le Pépé Charentais

 Petit à petit…. Pas à pas, la machine usée donne des signes de fatigue. De son arrivée au monde, à son âge adulte, la machine s’éveille, s’étonne, s’épanouie, progresse, vie. Sa métamorphose s’opère avec régularité, jusqu’à l’épanouissement. Epanouissement, qui sous-jacente, attendait derrière le rideau, l’heure d’accomplir son rôle, de prendre la première place.
  Plus rien n’existe, ni le passé, ni le futur, seule la vie présente n’a d’intérêt. La vie respirée à plein poumon. Adieu les parents, la famille, les amis, les collègues… Adieu le raisonnable, adieu le sensé, adieu le respectueux….
  Place à la réalisation des envies les plus folles, les plus improbables…Pas de limites imposées, autres que celles de la catastrophe, de l’irréparable, qui laisseraient des traces éternelles…
  Puis, sans que la machine n’y prenne garde , l’exaltation fait place au raisonnable, que l’on avait jusque-là, ignoré. Progressivement, la sérénité prend le premier rôle. La famille, les amis s’étonnent. Des « tu te rappelles », des « quand nous étions à… », des « c’était quand, déjà » jaillissent….
  Tout cela semble loin. Bien loin.
  Maintenant, la machine n’a d’autre préoccupation que de son quotidien, de la réalisation de l’existentiel. Préoccupations qui l’occupent à plein temps.
Aujourd’hui, la machine avance doucement, comme si le frein à main était en place, et que rien ne pouvait le desserrer.
  La machine regarde le chemin parcouru… Il est loin le temps où…et parfois se désole…
  L’avenir, on le connait, les ancêtres, les grands-parents, les parents nous l’ont montré. La machine n’est pas triste, elle est tout simplement sereine.…….
  Dans un sursaut, totalement inattendu, la machine réagit. Une petite voix résonne : « tu te rappelles »…. Tu disais… »quand je serais en retraite »….
  Une obsession vient de naitre : l’intérêt de faire, ou de ne rien faire, de regarder, de sentir le temps qui passe…

Il est temps de réaliser ses envies les plus folles       D.R (30 août 2023)