Le Pépé Charentais

 Petit à petit…. Pas à pas, la machine usée donne des signes de fatigue. De son arrivée au monde, à son âge adulte, la machine s’éveille, s’étonne, s’épanouie, progresse, vie. Sa métamorphose s’opère avec régularité, jusqu’à l’épanouissement. Epanouissement, qui sous-jacente, attendait derrière le rideau, l’heure d’accomplir son rôle, de prendre la première place.
  Plus rien n’existe, ni le passé, ni le futur, seule la vie présente n’a d’intérêt. La vie respirée à plein poumon. Adieu les parents, la famille, les amis, les collègues… Adieu le raisonnable, adieu le sensé, adieu le respectueux….
  Place à la réalisation des envies les plus folles, les plus improbables…Pas de limites imposées, autres que celles de la catastrophe, de l’irréparable, qui laisseraient des traces éternelles…
  Puis, sans que la machine n’y prenne garde , l’exaltation fait place au raisonnable, que l’on avait jusque-là, ignoré. Progressivement, la sérénité prend le premier rôle. La famille, les amis s’étonnent. Des « tu te rappelles », des « quand nous étions à… », des « c’était quand, déjà » jaillissent….
  Tout cela semble loin. Bien loin.
  Maintenant, la machine n’a d’autre préoccupation que de son quotidien, de la réalisation de l’existentiel. Préoccupations qui l’occupent à plein temps.
Aujourd’hui, la machine avance doucement, comme si le frein à main était en place, et que rien ne pouvait le desserrer.
  La machine regarde le chemin parcouru… Il est loin le temps où…et parfois se désole…
  L’avenir, on le connait, les ancêtres, les grands-parents, les parents nous l’ont montré. La machine n’est pas triste, elle est tout simplement sereine.…….
  Dans un sursaut, totalement inattendu, la machine réagit. Une petite voix résonne : « tu te rappelles »…. Tu disais… »quand je serais en retraite »….
  Une obsession vient de naitre : l’intérêt de faire, ou de ne rien faire, de regarder, de sentir le temps qui passe…

Il est temps de réaliser ses envies les plus folles       D.R (30 août 2023)

Ecrire, osez écrire pour le plaisir (extraits)

Le Chasseur nostalgique

Hé oui, il faut se rendre à l’évidence. Je ne suis plus très jeune. Aujourd’hui, les jeunes sont intraitables. Dans mon association de chasse, les quarantenaires ont pris les choses en main. Il n’y a que la chasse au gros gibier qui les intéresse : sanglier, chevreuil, cerfs, biches …
Par tirage au sort, chacun est placé à un endroit précis. Pas question de se déplacer. Le chasseur doit rester à la place désignée, et, attendre que le gibier veuille bien passer à sa portée. Surtout, ne pas somnoler, être prêt au chaque instant.
Que l’on est loin des promenades matinales, où l’on prenait le temps de respirer l’air frais, de sentir l’atmosphère pour savoir si la chasse sera ou non fructueuse. Marcher, en regardant la nature, me donnait l’impression de faire un peu de sport.
Fusil à l’épaule, avec ma chienne Sally nous arpentions la plaine, puis les petits bois. Si le soleil nous faisait l’honneur d’être présent, c’était un vrai bonheur. C’est elle qui débusquait le gibier, et à moi de tirer juste. Souvent, il nous arrivait de rentrer bredouille, et, ma femme se demandait si j’étais réellement parti à la chasse.
Mais, peu importe …… pas de quotas, aucune obligation. Je me sentais léger. Il m’arrivait de regarder un lapin faire sa toilette. Je n’avais aucune envie de tirer. J’avais pris l’habitude de ne tirer que sur les animaux en pleine course. Cela leur laissait une chance.
Aujourd’hui, le gros gibier n’a aucune chance. Parfois, c’est un carnage, plusieurs chasseurs tirent en même temps, sur la même bête. La raison de cette méthode de chasse : le gibier saccage les cultures.
Je ne peux plus emmener Sally. Je me sens bien seul au pied de l’arbre qui m’a été désigné.

Exercice de l’Atelier d’écriture La Joyeuse Théière (2019)

Vous êtes une dame âgée

Sujet – Vous êtes une dame âgée, vous passez votre temps à regarder par la fenêtre. Que voyez-vous, que pensez-vous ?

Ce matin, comme tous les matins, j’ouvre mes volets. J’ai la chance d’avoir une perspective jusqu’au bout de l’impasse. Mon premier regard va vers tous les volets de toutes les maisons, et vers les voitures stationnées.
Bernard, notre voisin immédiat, est parti. Sa vieille voiture bleue n’est plus stationnée devant son portail.
A côté, chez les petits jeunes nouvellement arrivés, la voiture du mari n’est plus là. Les pièces sont encore allumées. Madame prépare les enfants avant d’aller à son travail.
Mon attention se dirige vers la maison de Monique. Beaucoup plus âgée que moi, je cherche un signe de vie. Les volets sont ouverts, et la cuisine est allumée.
Maintenant, je peux préparer mon petit déjeuner. Après la vaisselle, j’irai faire un brin de toilette.
Il est 10h, le facteur doit être passé. Je n’ai pas vu la petite camionnette jaune. Est-il passé ? Est-il en retard ? La clé de la boîte aux lettres à la main, je descends les quelques marches… pas de courrier.
De retour dans mon fauteuil, je reprends mon tricot jusqu’à ce que la lassitude me dirige vers les mots croisés. De temps à autre je jette un coup d’œil dans l’impasse.
Tient, une camionnette blanche. Un livreur ? Des gens du voyage en quête de travail ? Une entreprise pour de futurs travaux…
Une livraison qui arrive chez Michel. Il se dirige vers l’arrière de la camionnette. Le colis est encombrant. Le chauffeur retire cartons et polystyrènes. Tiens, une machine à laver. A l’aide d’un diable, la machine entre par le portail. Qui va l’installer : le livreur ou Michel ?
Le livreur ressort rapidement, donc, c’est Michel qui l’installera ou son fils. Il est déjà midi. Je réchauffe le repas apporté par l’aide- ménagère. Puis, ce sera la sieste.
Un bruit me réveille ! Un bouchon ? Un intru ? Qui ? C’est Michel qui entre dans l’impasse, et avertit les enfants qui jouent dans la rue, juste devant la maison. Les deux petits nouveaux avec leur patinette, insouciants font des tours et des tours, sans s’occuper de l’environnement.
Plus loin, les petits-enfants de Josette sont venus : leur plaisir, le vélo. Ils sont rapides, et l’impasse leur appartient.
La nuit ne va pas tarder. Tout ce petit monde va disparaitre de la rue. Les devoirs, la toilette, le dîner, peut-être regarderont-ils la télé ?
Au fait, qu’y a-t-il à la télé ce soir ?

Exercice de l’Atelier d’écriture La Joyeuse Théière (juillet 2019)

Lettre au Père Noël

Je ne me souviens pas de t’avoir écrit dans le passé. Ce dont je suis sure, c’est de ne pas t’avoir commandé ce que tu m’as déposé devant la cheminée.
Là, ma demande est pour la planète « terre ». Cette fois, tu ne peux que répondre à ma demande. J’ai préparé l’itinéraire pour que tu ne perdes pas de temps.
En premier, passe chez Afflelou. Tu connais déjà l’adresse. Tu prends toutes les lunettes avec vision de loin. Pas de près car les destinataires sont habitués à ne regarder que leur nombril, et, leur compte bancaire.
Puis, tu passes chez Entendre ou Benoit en France, et, chez Amplifon au Royaume-Unis. Surtout pas dans les pharmacies. Tu ramasses tous les appareils auditifs que tu trouves.
Lors de ton passage à Paris, prend aussi des entrées pour le musée de l’Homme, au Trocadéro. Si tu trouves des stages d’une journée, n’hésites pas.
Grace au GPS, tu trouveras facilement les adresses de tous les élus. Oui, tous, du Chef d’Etat aux adjoints des communes. Oui, tous ceux qui pensent savoir ce qui est bon pour la planète et les hommes qui y vivent (surtout ceux qui disent : »je ne veux rien entendre »).
A chacun, tu déposes les lunettes pour que leur champ de vision se concentre sur le peuple, les hommes et femmes qui tirent « le diable par la queue ». Les appareils auditifs, pour qu’ils entendent le peuple qui grogne, avant que ce dernier se révolte.
Quand aux billets d’entrée au Musée, cela évitera aux élus de raconter n’importe quoi, sur les origines de l’humanité.
A l’adresse de Jean Louis BORLO, réveille-le pour savoir où en est son projet d’électrification de l’Afrique.
Un petit rappel :
l’Europe devait former les migrants, pour leur permettre de retourner sur leurs terres natales, et ainsi d’apporter les techniques modernes.
Cher Père Noël, j’ai fait un rêve : le satellite de communication à l’origine d’internet avait disjoncté. Les peuples se parlaient et allaient à la rencontre de l’autre. La sérénité des années antérieures était revenue, et on se rendait visite.
Nous étions à l’écoute de l’homme…..

Exercice de l’Atelier d’écriture La Joyeuse Théière (14/12/2017)

Atelier d’écriture – Saint-Georges-des-Coteaux (2023)

Sujets et textes dirigés

S’adresser aux frontières

Frontière, je ne t’en veux pas,
Frontière, c’est l’homme qui t’a créée….
Je me souviens de mes premières frontières.
Je me souviens des barreaux de mon premier lit…
Je me souviens de la barrière qui me séparait des autres,
qui me paraissaient autres…
L’éducation que j’ai reçue à ériger de nombreuses frontières,
mais vous n’y êtes pour rien, frontières, pour rien.
Je l’ai compris plus tard, lorsque je vous ai franchies.
J’ai découvert des gens de toute sorte, qui m’ont accueillie.
Oui, tous m’ont accueillie.
Tous m’ont offert leur amitié, le gîte et le couvert….

NB : Répétition d’un mot, utilisation d’un synonyme
Danièle RENOUF

Concours « Visa Poème » – St Georges des Coteaux ( 2023)

Face à la terre entière, envie de la découvrir.
Regarder l’horizon, envie de le franchir.
Oh! aucune barrière, que quelques balises.
Naturelles frontières, que cachez-vous ?
Trésors de bien-être, précieux bijoux ?
Invisibles sensations, étranges désirs…
Envies de bonheur, de bien être à assouvir.
Rien n’est plus frustrant, qu’une frontière,
Et impensable, de ne pouvoir la franchir.
S‘il vous plait, le bonheur m’attend.

Rapport du G.E.R.C.A. (Carrière du Couvent de St Leu d’Esserent – Oise)

Travaux effectués en mars & d’avril 1940, par des éléments de l’Armée Française

Le GERHCAS tente de reconstituer la mission effectuée début 1940, par des éléments de plusieurs régiments de l’Armée française dans ces carrières.

Les militaires ont laissé en témoignage de leur séjour dans le Nord-Est de ces vastes carrières, à plus d’un kilomètre de l’entrée, non seulement de nombreux graffiti, comportant leur nom, prénom, leur appartenance régimentaire, datés de mars et d’avril 1940 mais aussi des indications topographiques délimitant une zone de plusieurs centaines de mètres carrés où d’importants dépôts d’un matériel qui dans le contexte de cette époque ne pouvait sans doute pas rester en surface et l’enfouit en détruisant les piliers, faisant s’écrouler le ciel de la carrière et fracturant les terrains sur une hauteur de 30 mètres, jusqu’à la surface

Quelle mission grave et urgente nécessitait de détourner des sections de travailleurs, d’ailleurs toujours en nombre insuffisant, de la construction d’une ceinture défensive au Nord de Paris, constituée de blockhaus, de fortins, d’abris pour canons et mitrailleuses, de tranchées, de fossés antichars et d’obstacles divers pour ces interventions à 35 mètres sous terre ?

Trente ans plus tard, un des propriétaires de ces carrières faisait construire huit murs de huit mètres de large sur huit mètres de haut, qui en ceinturant la zone effondrée, l’isolaient du reste de son environnement.

Bien entendu, nous avons interrogés carriers et champignonnistes, mais tous, ont soit perdu la mémoire, soit racontent n’importe quoi. Par ailleurs les archives municipales concernant la période 1949-1945 ont disparue.

S’il existe aujourd’hui un lourd faisceau de présomption tendant à faire penser à un dépôt de munitions toxiques, aucune preuve formelle n’a encore été trouvée dans les dossiers d’archives de l’Armée au SHD de Vincennes, malgré des recherches qui se prolongent depuis plusieurs années.

Le site du GERCA n’est plus accessible

Alice, Marie MERPOEL (1926 – 2017 )

Que de chemins parcourus
Alice est la fille unique de Marie BOUGAULT, bretonne, et de Léon MERPOEL, flamand. Les deux familles ayant fui la misère après la première guerre mondiale.
Elle est née le 13 janvier 1926 à VILLEPINTE (93).
Alice parla peu de son Père. De sa Mère, elle dira qu’elle n’a pas toujours été très tendre et qu’elle faisait feu de tout bois †. Lire la suite